Brève communication
Premières observations de Sympetrum vulgatum ibericum Ocharan, 1985 (Odonata : Libellulidae) dans les Pyrénées-Atlantiques
First records of Sympetrum vulgatum ibericum Ocharan, 1985 (Odonata: Libellulidae) in Pyrénées-AtlantiquesSympetrum vulgatum (Linnaeus, 1758) est un taxon ouest-paléarctique composé de trois sous-espèces : S. vulgatum vulgatum (Linnaeus, 1758) largement distribué de l'Europe de l'Ouest au Japon, S. vulgatum decoloratum (Selys, 1884) en Turquie et Asie centrale et S. vulgatum ibericum Ocharan, 1985 endémique de la Péninsule ibérique. L'étude moléculaire de Hinojosa et al. (2017) a confirmé la validité taxonomique des trois sous-espèces (Krieg-Jacquier, 2022).
Sympetrum vulgatum ibericum a une distribution de type ibéro-maghrébin (Torralba-Burrial & Ocharan, 2007) et se rencontre actuellement en Espagne, en Andorre (Grand, 2004) et dans les Pyrénées françaises, mais pas au Portugal (Ferreira et al., 2006 ; Maravalhas & Soares, 2013). Cette distribution est très fragmentéeet couvreprincipalement la moitié nord de la Péninsule ibérique (bassin du Douro, Aragón et Catalogne) (Martínez et al., 2015). S. v. ibericum fréquente les milieux lotiques et lentiques avec une végétation aquatique développée, de 136 m d'altitude à Zaragoza (Torralba-Burrial & Ocharan, 2005) à 2100 m dans les Pyrénées catalanes (Martín et al., 2016). Il vole généralement d'août à octobre (Ocharan, 1985. Selon les différentes listes rouges, il est évalué "données insuffisantes" en Espagne (Verdú et al., 2011), "quasi-menacé" en Catalogne (Martin & Maynou, 2015) et "En danger" en Occitanie (Charlot et al., 2018).
Dans sa description de la sous-espèce, Ocharan (1985) cite huit localités dans six mailles de 10 x 10 km. Il considère que toutes les citations précédentes, se référant à la sous-espèce nominale pour la péninsule ibérique, sont erronées à l'exception d'une citation en Catalogne qui sera confirmée plus tard par Jödicke (1993) comme S. v. ibericum. Les citations de la Communauté de Valence n’ont pas été validées (erreurs d’identification ou identification spécifique impossible) à l’exception de la seule population connue pour ce taxon, dans la province de Castellón (Prieto-Lillo et al., 2012). Les observations de S. v. ibericum étaient donc limitées à 20 mailles de 10x10 km dans 13 provinces espagnoles[1], l’Andorre et les Pyrénées-Orientales (France) (Martínez et al., 2015).
Les premières mentions françaises de S. v. ibericum dans la bibliographie remontent aux observations de D. Grand en 2003 et 2004 dans le Capcir dans l’ouest du département des Pyrénées-Orientales (Grand et al., 2007). Toutefois, J.-P. Boudot (in ltt.) avait observé un individu atypique de Sympetrum vulgatum en 1982 au lac d’Estaing (65400 Estaing) (Grand et al., 2007). Les photos montrent un individu aux caractéristiques de S. v. ibericum (J.-P. Boudot,in ltt.). Les études génétiques faites sur des individus du même site collectés en 2014 (Hinojosa et al., 2017), permettent de requalifier l’observation de 1982 en S. v. ibericum. Deux données de Sympetrum vulgatum dans les Pyrénées-Atlantiques sont néanmoins validées dans la base de données du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Nouvelle-Aquitaine : elles sont dues à M. Leconte en 1995, l’une sur la commune de Monein (en plaine vers 120 m d’altitude) l’autre sur celle d’Arudy (en piémont vers 400 m d’altitude). Après vérification par courriel avec l’auteur, les données de M. Leconte ne sont valides qu’à l'espèce S. vulgatum. Pour mémoire, la donnée de R. Lattuga est invalide, celle de F. Damestoy a été invalidée avec lui (G. Bailleux in litt.). Ces observations antérieures ne permettent donc pas d’affirmer la présence de sous-espèce S. v. ibericum dans les Pyrénées-Atlantiques. Les observations suivantes de la sous-espèce dans les Pyrénées françaises seront limitées dans les Pyrénées-Orientales (liste non exhaustive) au secteur du Capcir (Y. Blanchon en 2012 et V. Lacaze & S. Danflous en 2014), de Cerdagne (B. Louboutin en 2018 et 2022 et Fabien Layrol en 2023) et dans les Hautes-Pyrénées à Estaing (S. Danflous en 2013, 2014) et à Cauterets (E.‑A. Leguin en 1997, B. Charlot & E. Poncet en 2017). Lire la suite...